Giochi dell'Oca e di percorso
(by Luigi Ciompi & Adrian Seville)
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XII Chapitre: "Voulez-vous jouer avec l'oie?"
Autore: Charpentier Louis 
Chapitre XII
Voulez-vous jouer avec l'oie?
Que vient faire l’oie dans cette affaire? Ce n’est pas moi qui l’ai appelée, mais elle qui s’est imposée, et cela tout au long de cette spirale que dessinent sur le sol de France les «domaines de Lug»; elle, l’Oie. Et le cheval. L’Oie, sous la forme que nous lui connaissons actuellement mais le plus souvent sous ses formes anciennes ou populaires de l’uche, l’Oue, l’Ouche. On la trouve au centre de la spirale au village de Loye et dans nombre de hameaux Laugère, L’Auchère, etc.., et on la retrouve dans presque chaque domaine, presque chaque case de la spirale, parfois plusieurs fois. Parcourir la spirale, c’est faire un «chemin de l’oie». C’est le «jeu de l’oie». Le noble jeu renouvelé des Grecs... Une tradition fort tenace veut que le jeu de l’oie, comme ceux des Échecs ou de la Marelle, soit autre chose qu’un jeu; ou plutot soit aussi autre chose qu’un jeu: un système d’enseignement, une représentation nous dirions aujourd’hui une formule-, un moyen mnémotechnique, peut-etre. Et probablement tout cela à la fois. Pour l’adepte Fulcanelli, c’était, ce jeu de l’oie, un labyrinthe populaire de l’Art sacré et un recueil des principaux hiéroglyphes du Grand Œuvre (Fulcanelli: Les Demeures philosophales, Pauvert éd.).
Retenons le «hiéroglyphe ». Et, précisément, pour Augustin Berger, qui s’est fort penché sur cette question du jeu de l’oie le nom de GEB, Dieu égyptien de la Terre, s’exprimait par un hiéroglyphe dérivé de celui de l’oie sauvage. Le Dieu de la Terre, c’est-à-dire une forme de personnalisation de la Terre en toutes ses qualités, tant matérielles qu’autres. Et c’est sur la terre qu’est «tracée» notre spirale... Or, Osiris, que nous avons déjà rencontré dans cette portion géographique sous sa forme Isoré, Osiris est Héritier de GEB; et le fils d’Osiris, né de la fécondation d’Isis, est dit Héritier du trone de GEB. En termes de droit, puisqu’il s’agit d’héritage, quiconque a conquis l’Osiris a connaissance de la terre et puissance sur elle, et son «héritier», Horus, l’Osiris vivant, a puissance sur elle. C’est le Roi de la terre, Maitre du monde. GEB est souvent représenté une oie sur la tète. Et il arrive également qu’il soit représenté sous la forme d’un «jars» dont la femelle, l’oie, fécondée, pond l’oeuf du soleil. Nous sommes là au niveau supérieur, alchimique, du symbole. Il faut retenir, cependant, qu’il y a correspondances entre le «Jars» et «Osiris», fécondateurs, et entre l’ «oie» et «Isis» fécondées. D’où peuvent venir et cette assimilation et cette analogie? Impossible de répondre autrement qu’en ayant recours à la Cabale phonétique - totalement différente de la Kabbale hébraique, numération appliquée à la lecture du sens caché de la seule écriture hébraique... dont il n’est pas permis, pour cette raison, de changer un iota, ce qui rendrait la lecture intelligente aussi impossible que celle d’une formule algébrique dont on aurait changé les termes. La Cabale phonétique, au contraire, joue sur des similitudes de sons liés à des images-symboles. Ces images, seules, sont immuables et leurs symboles également. Les similarités phonétiques se «plasment» sur ces symboles où se dénouent des images selon les temps et selon l’éternelle et constante transformation.
L’exemple le plus typique est celui du mot «Druide» qui, par assimilation phonétique est désigné tantot par le chene «Dru», tantot par le sanglier «Truth», et le saumon «Truit». Cela permet, dans le conte merveilleux, de dissimuler le Druide dans le chene, le sanglier ou le saumon. Cela peut paraitre sommaire mais aussi cela peut prendre une profondeur inattendue. Le «Dru», qui est druide et chene, est également fort. Le «Truth» qui est sanglier est solitaire et dégagé de l’égrégore de race ou de clan. Le «Truit» qui est saumon est, à l’ère des poissons, le symbole de la connaissance de cette ère (c’est le fameux «Saumon du Savoir» des contes du début de notre ère - 150 avant J.-C.). D’où l’on tirait que le Druide était puissant et fort comme le chene, qu’il était solitaire et non soumis à l’esprit de clan comme le sanglier, qu’il était savant sur l’ère comme les poissons célestes.
Il existe encore, parait-il, des Druides, plus ou moins héritiers des Anciens, mais le chene n’est plus «Dru», le sanglier n’est plus «Truth» et le saumon n’est plus qu’apparenté à la truite; en conséquence et logiquement, le Druide actuel n’est plus «fort», il n’est plus solitaire, dégagé de l’esprit de clan, et il n’a plus que petit savoir d’eau douce...
Cette histoire de Cabale (le langage alchimique est entièrement cabalistique) rejoint un des grands mystères des origines, qui est celui du Verbe et de l’action du Verbe. On peut supposer qu’à l’origine, lorsque l’homo devint sapiens, le langage lui fut non seulement un moyen de communiquer mais aussi un moyen d’action et de puissance. Et c’est à peu près ce que dit la Genèse qui fait donner leur nom aux animaux -et donc acquérir puissance sur eux- par Adam, premier savant. Les «verbes», les langages changent avec les temps et les lieux mais les images-symboles, elles, demeurent, intangibles quel que soit le langage, ce dernier se «plasmant» sur elles ou non selon la qualité des peuples qui les possèdent; les «rébus» cabalistiques les plus anciens peuvent ainsi encore se lire et leur enseignement demeure entier pour qui est instruit en science cabalistique. Qu’est-ce donc que l’Oie? C’est, évidemment, un animal de l’eau, de la terre et de l’air. Que représente-t-elle à ce titre? En mythologie grecque, Zeus, métamorphosé en Cygne, féconde Léda transformée en oie. De ses oeufs naissent la Beauté: Hélène, et les Dioscures: Castor et Pollux. Castor avait l’art de dresser les chevaux; Pollux était un boxeur invincible; soit donc la beauté, la force et le don d’utiliser la cavale, la Cabale, intelligence des choses cachées.
Rechercher ces trois choses est une quete qui mérite d’etre entreprise, serait-ce en jouant au jeu de l’Oie...
Moins helléniquement, il apparait bien -et cela phonétiquement- qu’il y a un rapport direct entre l’Oie, l’Auche et les Aases. Les Aases sont des personnalisations des forces naturelles, et il faut prononcer oses, comme on le fait aujourd’hui encore en Scandinavie. L’Auche rejoint l’Aase et son symbolisme est identique. Ce sont les qualités des forces de l’eau, de la terre et de l’air (J’ai longtemps cru que le nom des lieux dits: L’Age était une forme celto-germanique de l’Aa, l’eau, d’autant que nombre de ces lieux contiennent mares ou étangs; mais j’incline à penser maintenant qu’il s'agit des Aases, de lieux où se manifestent de valables courants telluriques). C’est un symbolisme pour gens qui transforment la matière et en tirent Intelligence, Force et Beauté. Et voilà bien la fameuse oie du Dieu de la terre GEB. Et cette Oie est accompagnée, dans le hiéroglyphe du Dieu, d’une jambe,ce qui peut donner une idée de la marche vers l’oie. En tout cas, il y a une relation de mouvement entre l’oie et la jambe, le pied... Le pied d’oie. En vieux français – mais est-il si vieux que cela? - le pé-d’Oue, le pedzouille en langue plus moderne, marqué du pied palmé, sectateur - maintenant inconscient - de l’etre au pied palmé, la Mère Lusine ou Reine Pédauque. Et, s’il faut en croire Dauzat, anche pourrait également signifier: culture, terre cultivée. Et voici donc nos premiers initiés du jeu de l’oie, les «pedzouilles», les paysans. Ce sont ceux qui occupent les «cases» du jeu, les casaniers, producteurs de nourritures tirées de la Terre-Mère. Mais le «jeu de l’Oie», qu’il se présente en jeu sur le papier ou en spirale sur le sol, est un jeu de mouvement. Il faut le parcourir. Il y a une marche à l’oie qui, en tant que chemin initiatique, implique le passage d’une «force» terrestre à une autre; l’apprentissage des Aases... Il est traditionnel et il se poursuit encore par-delà les millénaires. Encore maintenant, les Compagnons des Devoirs, héritiers des constructeurs de cathédrales, sont tenus de faire leur apprentissage au cours d’un voyage initiatique: le «Tour de France» qui, comme la spirale, se développe sur le sol du pays. Ils ne suivent certes plus la spirale mais la tradition du voyage est demeurée intacte.
Les enfants de nos campagnes le jouent encore ce jeu du déplacement dans la spirale: c’est leur «marelle» où, dans une spirale de cases, il faut, à cloche-pied, déplacer un palet de pierre jusqu’au centre: terre promise. Et la spirale se développe dans le meme sens que celle inscrite sur le sol de France. Le jeu doit etre très vieux et l’Église y a mis son grain de sel qui a donné une nouvelle «marelle» à parcourir: celle à forme d’église à transept; une croix qui va de l’entrée, toujours marquée «Terre», au «Ciel» qui se trouve au Sanctuaire. Mais le jeu de la spirale n’en a pas disparu pour autant. Les deux se jouent conjointement, et c’est toujours la Pierre que l’on pousse vers le but. Suivaient-ils, ces Compagnons des anciens temps, cette route de l’oie, je ne sais, mais il est remarquable que les constructeurs méridionaux, les «cagots», portaient encore comme signe distinctif le pied palmé de l’Oie, le Pédauque.
La légende veut que le jeu de l’Oie, tout comme le jeu d’Échecs, ait été inventé, pour distraire les guerriers de la guerre de Troie, par un roi d’Eubée nommé Palamède. Le «palmé» en quelque sorte...
Le «palmé», c’est celui qui a fait son «jeu de l’oie», celui qui a fait «son tour»; celui qui sait ce qu’il devait apprendre. A lui la palme. Et la palme, c’est aussi la paume. Et les mains d’hommes préhistoriques dessinées, gravées, estampées, ne sont peut-etre pas de simples distractions graphiques. L’Oie apparait donc comme le symbole des dons de la terre qu’il faut savoir «féconder»; une Aase bénéfique ou maléfique si l’on en croit le jeu de l’Oie. Le destin, personnifié par les dés -je n’ose dire les pierres cubiques-, porte l’homme selon sa chance personnelle, vers les «cases» bénéfiques ou les cases maléfiques. Et le résultat de l’initiation qui termine le voyage, c’est la possibilité de tirer de la matière intelligence, force et beauté.
Ce sont les gens arrivés à ce stade que les Grecs appelaient «démiurges», les correspondants de nos «compagnons-finis», les Maitres du moyen àge.
Et ce sont eux, et eux seuls, qui ont pu nous transmettre une tradition par les images-symboles qu’ils ont gravées.
Il faut aussi remarquèr, plus matériellement, que le jeu de l’oie en spirale sur le sol, c’est une leçon de géographie, un moyen mnémotechnique de connaissance des lieux où se manifestent certaines qualités de la terre, où se construisent les temples, dolmens ou autres, moyens d’action sur l’homme pour atteindre une plus grande perfection humaine. Mais ce sont précisément les gens du voyage qui construisent les temples... Serait-il possible de «jouer» encore avec ce jeu de l’oie qui se développe sur le sol de France? Un peu seulement car une partie de la spirale a disparu.
Ainsi, en nous imaginant que nous avons un véritable jeu de l’oie, on peut jouer à numéroter les «cases» en sens inverse de ce que j’ai-fait et, au lieu de donner le numéro 1 à la «porte» centrale, lui donner le numéro 63 (A noter que 63 est la case porte. Si le centre était numéroté, son nombre serait 64. Autant de cases que l’échiquier) comme dans le jeu «renouvelé des Grecs» et numéroter ensuite en rétrogradant aussi loin qu’il est possible.
Et puis, suivons - pourquoi pas - ces règles du jeu et amusons-nous. La première indication est que, si lançant les deux dés on tire 9 par 4 et 5, on va d’emblée se placer à la case 53, c’est-à-dire celle de Loches. Si l’on tire 9 par 6 et 3, on va se placer à la case 26. La case est malheureusement présentement vide. La toponymie ne m’ayant indiqué aucun lieu Lug; mais une chose est cependant remarquable, c’est qu’elle devrait se trouver sur la meme ligne (celle joignant Lyon à Is) que la case 53. Et entre elles deux est la case 42, celle de Loudun. Celle du Labyrinthe sur le jeu habituel. C’est déjà bien étonnant que, avec l’aide du 9, on puisse commencer le chemin de part et d’autre de ce labyrinthe. En tout cas, la position des cases me semble plus rationnelle que sur les jeux que l’on vend dans le commerce et où ces cases sont placées n’importe où, suivant la grandeur et le développement donné par le fabricant à la spirale. Mais ce labyrinthe? Bien sur, on sait que c’est une construction de Dédale en Crète. Mais l’on sait moins qu’on le retrouve, bien avant la civilisation crétoise, au néolithique, sur des monuments mégalithiques. Il en est un remarquable spécimen à l’entrée du musée de Dublin. On le retrouve un peu partout et très ancien. On le retrouve dans nos cathédrales, dans les «entrelacs» de Léonard de Vinci; à Chef-Boutonne. Et les Compagnons des Devoirs ne cachent pas qu’il a, pour eux, valeur d’ enseignement - mais sans révéler lequel. La région valait d’etre examinée. Je n’ai pu le faire que sur les cartes de l’Institut national de Géographie, au cinquante millième. Et je n’ai pas trouvé grand chose mais je crains que ce soit par insuffisance. On y trouve Loudun qui est sans conteste un Lugdunn. On y retrouve à la fois le Lion et l’oie. Celle-ci, meme deux fois: à Oiron et au lieu-dit La patte d’Oie, qui ne doit rien, comme celle de Gonesse, à un embranchement de routes puisqu’il n’y a pas de routes. Seulement, ces deux lieux sont accompagnés de dolmens. Il y a là deux concentrations auxquelles se joignent des «mottes» et des «tumuli».
Conjecturalement, je pense que le «labyrinthe» est caché et que le chemin, souterrain, suit des tracés de courants telluriques en allées couvertes.
De ce labyrinthe, il faut sortir. L’actuelle -et antique- règle du jeu indique que quiconque parvient au labyrinthe doit retourner au numéro 30. C’est un jeu. Il se trouve cependant que ce numéro 30 doit etre (selon mon estimation, mais je puis errer car la spirale est incomplète) dans l’actuel Entre-Deux-Mers, centré sur Lugasson, et qui semble aussi avoir eu une extreme importance mégalithique.
Or, d’après Franc de Ferrière, qui étudie cette région, il existe, non loin de Lugasson une colline dont les 121 mètres d’altitude dominent l’entier département de la Gironde, la colline de Casevert. Dans une maison voisine du sommet se trouve, dans une cave voutée un puits qui, certains jours, déborde et inonde la cave malgré l’altitude du lieu, bien supérieure à toutes les nappes d’eau à des kilomètres à la ronde. Est....ce une coincidence? Il faut cependant remarquer que Casevert pourrait fort bien signifier la vraie grotte ou la grotte sacrée de chaize: trou et ver vrai (vere et voire encore en vieux français) mais dans le sens de: sacré.
Pour en revenir à cette région du labyrinthe, région de Loudun, elle se trouve entourée pour une grande part des «fiefs» de Mélusine: Lusignan, SaintMaixent, Mervent, Vouvant, Tiffauges... Chateaux du moyen age construits par la «Fée» mais lieux bien plus antiques. (On aura remarqué le nombre insolite de désinences en ant.)
Continuons notre jeu. Si l’on perd une partie de la spirale, son origine est assez lisible encore au pied des Pyrénées occidentales. Le jeu indique que si l’on tire 6, on tombe sur un pont et il est assez extraordinaire que cela nous mène précisément dans la région d’Avignon.

Sur le pont d’Avignon, On y danse, on y danse...

Il n’y avait pas de pont en ces temps? Qu’en savons-nous? Les «pontifes» sont peut-etre plus anciens qu’on imagine... La Prison porte le numéro 52. Elle correspondrait à la région du Grand Lugue. Quant au 58, la Mort, qui oblige à repartir à zéro lorsqu’on ne peut la franchir, il est assez étonnant qu’elle «tombe» dans le Bourbonnais et comprenne le site de Glozel. Mais avant d’aborder ce sujet extremement important, il me faut, auparavant, évoquer le cheval. On ne sait pratiquement rien de l’origine du cheval. Nous ne connaissons pas de chevaux vraiment sauvages, mais il y a un lien entre le cheval et l’homme, sa plus noble conquete – et tous ces mots pèsent leur poids. Symboliquement, l’origine est indubitablement atlantique. C’est en frappant la mer de son trident que Poséidon, le Dieu de l’Atlantide, faisait jaillir les chevaux. Et l’on pourrait presque dire que le chevalier est né avec le cheval. Le cheval blanc. Et la «cabale» en meme temps. Le symbole du cheval n’est pas séparable de l’initiation. Jacques Duchaussoy, dans son Bestiaire divin note que seuls deux animaux du bestiaire possèdent une crinière, le lion et le cheval, ce qui les «classe» dans les animaux de lumière, les animaux «solaires». Le symbole, à ce niveau, devient alchimique.
Dans la réaIité tout autant que symboliquement, le chevaI est un animal transporteur et la cabale est le moyen de transport de l’homme dans les sciences dites secrètes. Et pour autant que le cheval assumera ce role dans la réalité, le symbole demeurera, qu’il porte le «chevalier» errant ou, sous les apparences de Pégase, le poète.
Dans certaines provinces, les amas de pierres cairns ou murgers - sont appelés «Grand-Chyron»; or, Chiron le centaure était l’ami et l’éducateur d'Héraklès. En fait, Chiron, centaure, est toujours grand initiateur . On ignore l’origine du mot «cheval». Le cabalus latin qui désigne le cheval de travail vient probablement du gaulois, comme le paraveedra qui est resté en «palefroy». Le symbole n’en était cependant pas moins valable chez les Latins où l’equites avait plus le sens de chevalier que de cavalier. Par contre il semble ignoré en Germanie, où le Reiter n’est qu’un cavalier. Or, notre «jeu de l’Oie» est encore parsemé de lieux-dits concernant le cheval. Il peut s’agir de lieux d’auberges - combien, encore, d’auberges du «cheval blanc» qui n’avaient primitivement rien à voir avec les écuries... On a conservé le souvenir de chevaux légendaires. Il y a encore, en baie de Douarnenez, face à l’Is disparue, une «pointe de la Jument»... Et c’était bien un cheval blanc qui emportait, poursuivi par les flots, le roi Gradlon fuyant son pays envahi par la mer.
«Le chevalier au cheval blanc surgit dans la catastrophe, quand les digues sont rompues, la mer cessant d’étre contenue envahit les cultures et les demeures des hommes. Primitivement loin de l’incarner, il devait parer au cataclysme. «On songe, ici, involontairement, à ces statues si répandues dans les « villas», les fermes de la Gaule du Nord-Est, à l’époque romaine, et qui représentaient un cavalier sacré; son cheval, pour s’élancer, prend appui sur les fortes épaules d’un géant anguipède, d’un géant allongé par terre, commençant en queue de serpent et dressant au-dessus de terre sa téte humaine.»
Et voilà qui pourrait bien nous apporter quelque lumière sur ces « Contes de ma Mère l’Oye», contes enfantins dont on est tout étonné que les alchimistes - qui poursuivent l’étude de l’essence de la matière - fassent si grand cas.
Ne sont-ils pas, ces contes, malgré les infléchissements que leur ont fait subir les entreprises littéraires, des directives transmises sous forme anecdotique aux «Étudiants de la Nature», aux «Fils de la Veuve» (que celle-ci soit Foret ou Vierge Noire séparée de son fécondateur) dans leur quete de la supreme essence ? Que penser, maintenant, de ce Petit Poucet chaussant les bottes du géant? De ce «chat» botté gagnant puissance pour son maitre, marquis de Carabas (père ou servant de la Pierre ?) ? De cette peau d’ane couvrant la radieuse beauté de la Belle? (Croyez-vous, disait saint Bernard, qu’on ne puisse tirer le miel de la Pierre?) De cette Belle qui s’endort en son réduit d’épines jusqu’au baiser du Prince charmant - qui possède le «charme» ? Et tant d’autres... En vérité qu’ils nous aient été transmis par Perrault ou par M.me d’Aulnois, ce sont là contes qui viennent de loin, par-delà les millénaires. ... Contes initiatiques de la Mère l’Oye de la Reine au pied d’oie où chacun prend à sa portée, selon qu’il peut...Et de quoi distraire aussi les petits enfants, comme la Marelle ou le jeu d’Oie.
Le cheval est dans la légende, il y est de plein droit, il y est de plain-pied, et à ce titre tous ses mouvements ont une valeur de symbole ou d’allégorie.
C’est la Grant’Jument, montée par Gargantua, qui, geste civilisateur, essarte la plaine de Beauce où sera semé le blé. C’est le cheval Bayard, au nom conservé des temps de Bélen, qui permet aux quatre fils Aymon d’échapper à Charlemagne, les quatre fils «en cavale» qui n’ont que lui pour les protéger... Lui et tous les gens instruits en cabale, dont Maugis, le magicien. Quand on tente de le noyer en le précipitant dans la Meuse avec, au cou, une pierre de moulin, il la brise de son sabot et s’échappe, étranger à tous les pouvoirs. On peut aussi bien mélanger toutes les légendes du cheval dans tous les temps, car il est le meme et sa tradition, que je sache, n’a guère faibli, non plus que le sens qui s’y attache. On pourrait presque dire que, partout où l’on retrouve le cheval, que ce soit dans la plus ancienne préhistoire ou dans les temps plus modernes, on retrouve le meme symbole invariable, emblème des memes savoirs et des memes gens...
 

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